Managers, il est encore temps de « sérendipiter » !

La sérendipité est la capacité d’accepter les événements générés par le hasard ou l’inattendu. Ainsi, choisir la sérendipité au quotidien, c’est autoriser l’imprévu, se laisser mener vers un chemin nouveau, voire se perdre sur une voie originale pour finalement avancer et innover.

« Sérendipiter » pour innover

Typiquement, c’est, lors d’une investigation sur un moteur de recherche, se laisser porter de lien en lien par des éléments qui retiennent notre attention, et admettre que l’on s’éloigne du but premier pour découvrir d’autres choses que l’on ne cherchait pas.

Attention, la sérendipité n’est pas être passif le nez en l’air ! C’est au contraire accepter les faits nouveaux qui s’offrent à nous et ne pas se borner à atteindre le but recherché en butant sur cet écueil.

Dans l’entreprise, c’est parfois faire face à des freins « naturels » : les managers ont un impératif de performance, tout en devant libérer les initiatives et permettre l’innovation. Il s’agit donc de s’extraire du court terme et de la planification pour autoriser l’exploitation de la nouveauté.

C’est donc aussi s’éloigner de sa zone de confort pour prendre en compte des aspects novateurs d’expérimentations.

La recherche de l’innovation « autrement »

L’innovation est au confluent de 3 états : l’exploration, la création et la découverte.

L’exploration est explicitement inspirée de la recherche scientifique : il s’agit d ‘élargir son champ de recherche pour augmenter ses connaissances et résoudre ainsi son problème, ou à l’inverse de se spécialiser jusqu’à obtenir la solution attendue.
C’est un processus de moyen ou de long terme.

La création est l’obtention d’idées nouvelles, émergeant d’un cadre familier : brainstorming, outils individuels ou de groupe permettent d’y parvenir.
C’est un processus ponctuel.

La découverte est issue de l’inattendu. Il s’agit là d’être attentif à la nouveauté, au chemin autant qu’au but, et reconnaître l’intérêt du nouveau.
C’est un processus qui s’inscrit dans la continuité, une façon différente et « curieuse » d’aborder le réel.

L’intérêt de la sérendipité

Ne pas se priver de découvertes inattendues : on évoque souvent le cas du Post-It pour illustrer ce point. Un ingénieur de chez 3M invente sans le vouloir un « adhésif poisseux », qu’il tente ensuite de commercialiser comme un « support collant ». Échec commercial, l’idée est abandonnée.
Quelques années plus tard, un collègue de l’inventeur, chef de choeur dans une église, laisse aller son imagination pendant l’office devant son livre de psaumes empli d’onglets volants pour marquer chaque chant.
Il songe à la colle de son collègue : c’est l’onglet papier qui devient collant, pas le support. Le Post-It est né.

Il s’agit donc d’une recherche effective qui débouche sur un élément inattendu exploité avec curiosité et de façon totalement différente de l’objet de départ.

L’incertain est la caractéristique de notre quotidien. Nous évoluons dans un monde mouvant, secoué d’évolutions voire de révolutions : la sérendipité se nourrit de ce caractère inattendu.

L’erreur est un axe de l’évolution : comme manager, il faut accepter l’erreur pour s’éloigner de la nécrose et de l’immobilisme. La sérendipité est souvent associée au désordre et au non-conformisme.

N’exclure aucune source possible d’innovation : la tarte Tatin n’est, selon la légende, pas née des recherches d’un cuisinier averti mais le fruit d’une maladresse d’une des demoiselles Tatin. Elle a renfourné sa tarte aux pommes à l’envers après l’avoir renversée par mégarde.
La nouveauté naît aussi de l’inattendu.

On le voit, considérant l’univers instable dans lequel nous vivons, les chemins bien balisés relèvent de plus en plus du fantasme : le manager doit développer la sérendipité dans ses équipes pour « coller » à ce contexte mouvant et réussir à innover.
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