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Le brainstorming, une « fausse » bonne idée ?
Vous êtes manager et avez besoin d’idées pour résoudre un problème qui se pose sur un service, un type d’organisation ou un produit. Que faites-vous ? Vous organisez une réunion pour une séance de brainstorming avec vos collaborateurs. Vous réunissez les intervenants en leur précisant bien de se laisser aller aux solutions les plus fantaisistes, sans jugement ni censure : la créativité doit être de rigueur.
Mais le brainstorming est-il une si bonne idée ?
L’inefficacité du brainstorming ?
Né aux États-Unis dans les années 40, le brainstorming est une technique toujours très utilisée au quotidien, autant dans la sphère personnelle (pour trouver le nom de votre nouveau chien !) que professionnelle. L’idée reçue est que cette technique a fait ses preuves et son efficacité semble reconnue.
Certes, MAIS…
De nombreuses études montrent que le résultat est rarement à la hauteur des espérances. Le brainstorming est un excellent outil pour générer du consensus mou.
Pourquoi ?
- D’abord parce que la consigne de « se lâcher » sans se censurer est une idée séduisante mais bien difficile à mettre en pratique « en société » : l’autocensure règne en maître. La peur du regard de l’autre, d’apparaître décalé du groupe et donc écarté font que la créativité est rarement au rendez-vous.
- Constat renforcé par le fait que le brainstorming valorise les collaborateurs qui ont des facilités à l’oral, qui sauront présenter leurs idées voire les imposer. Or ce n’est pas forcément eux qui ont les meilleures suggestions en réponse au problème posé.
- Pire encore, lorsque les gens travaillent en commun, leurs idées ont une tendance à se rapprocher. Les mots, les expressions des premiers intervenants « marquent » les suivants et les influencent, les aiguillant vers une vision du problème similaire. Et là encore, exit la créativité.
- De plus, le manager a tendance à vouloir réunir un maximum de monde pour générer un maximum d’idées : mais c’est amputer d’autant le temps de parole de chacun, voire le réduire à peau de chagrin.
Peut-on sauver le brainstorming ?
Face à toutes ces raisons, le brainstorming est-il à écarter des outils managériaux ?
Heureusement non, mais à condition de l’organiser de façon judicieuse. En voici une qui peut être déclinée en de nombreuses variantes.
Pour éviter effet de groupe et autocensure, le brainstorming doit commencer par un travail individuel : avant la réunion, chacun réfléchit au problème et note ses idées, incluant les plus disruptives. Là, on s’assure d’une créativité optimale.
Puis les collaborateurs – en nombre raisonnable pour laisser à chacun le temps de s’exprimer ultérieurement – déposent, dès leur arrivée en réunion, leur contribution au milieu des autres. Ces idées auront été au préalable, rédigées sur ordinateur par leur porteur : anonymat, pas d’autocensure.
Les contributions mélangées, elles sont distribuées aux participants, qui notent chacun leurs réactions propres aux idées déjà présentées, enrichissant et faisant avancer la réflexion. Puis chaque contribution est transmise au voisin, qui agit de même.
Une fois le tour effectué, la discussion peut commencer et chacun aura pu s’enrichir des pensées des autres, s’éloignant du consensus.
Il s’agit ensuite, à travers la discussion, de dégager l’idée ainsi construite qui semble la plus pertinente au groupe.
En conclusion et pour aller plus loin
La technique présentée ici vous rappelle peut-être quelque chose ? Elle est directement en lien avec un précédent billet « Managers : c’est la rentrée, révisez l’efficacité de vos réunions » où je développais notamment l’idée qu’une réunion efficace impose un travail individuel préalable.
Et cela conforte bien l’idée que « l’intelligence collective » dépasse la somme des « intelligences individuelles » : il s’agit en revanche d’utiliser ces intelligences dans un cadre pertinent.
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