Le prix Goncourt vient de couronner un nouvel auteur, rappelant…
Attention à l’innovation permanente dans l’entreprise : le syndrome « not invented here »
Dans l’univers de l’entreprise, « innovant » est un mot magique qui appose d’office un label de dynamisme et d’efficacité à tout modèle, action ou concept qu’il qualifie. J’ai d’ailleurs moi-même souvent évoqué, dans divers articles, l’innovation en management, en intelligence économique… (voir par exemple « La créativité au travail : un axe de l’innovation en management ? », « Intelligence économique et management : un fonctionnement en 3 étapes », « Innovation managériale : pour avancer, acceptez l’erreur ! »).
Je constate cependant les effets pervers du « tout innovation » dans certaines entreprises : il me semble aujourd’hui utile de mettre l’accent sur l’importance d’une innovation « efficace », et de prendre conscience qu’avancer signifie parfois NE PAS innover.
La valeur ajoutée à l’innovation dans notre quotidien
Nous sommes fréquemment conditionnés, dans notre quotidien, à apporter de l’intérêt à ce qui est nouveau. Il est par exemple « de bon ton » d’arborer le dernier smartphone (décoré d’une pomme ou présentant un écran avec des coins biseautés), de se déplacer en voiture avec chauffeur plutôt qu’en taxi, etc…
L’innovation est également valorisée dans l’univers professionnel, signe de dynamisme de l’équipe ou de l’entreprise elle-même. De très nombreux articles ont par exemple présenté l’holacratie comme « LE » modèle organisationnel de l’entreprise à appliquer, modèle qui qui ferait basculer chaque structure en plein XXIème siècle.
J’ai d’ailleurs analysé l’holacratie dans un article (« Dirigeant, manager… et si l’holacratie les rendait obsolètes ? »), en pointant néanmoins les zones de vigilance liées à ce modèle : l’holacratie ne convient pas à toutes les entreprises.
Mais jusqu’où prôner l’innovation ?
L’innovation peut être sclérosante
Au sein de l’entreprise, il faut évidemment agir. Or parfois, un problème rencontré nous semble si difficile à résoudre qu’il nous paralyse. Il faut sans cesse inventer, innover, trouver des solutions adaptées, changer : les processus à mettre en œuvre nous semblent si complexes que nous finissons par abandonner.
Pourtant, sommes-nous vraiment les seuls à avoir été confrontés à ce problème ? À vouloir innover en permanence, nous manquons d’attention aux solutions déjà expérimentées par d’autres. D’autres entreprises ont certainement dû faire face à des problématiques similaires ou connexes : pourquoi ne pas s’intéresser aux méthodes qu’elles ont utilisées ? Leurs approches sont certainement riches d’enseignements et en partie transposables à notre propre situation.
Mais l’impératif du « do it yourself » nous enferme dans une logique d’innovation qui écarte d’entrée un intérêt – pourtant productif – aux solutions déjà existantes.
Cet enfermement porte un nom : le syndrome « not invented here ».
Le syndrome « not invented here »
La valorisation permanente de l’innovation peut donc générer un emprisonnement intellectuel qui nous engage à traiter tout problème avec un œil neuf en repartant de zéro. C’est le syndrome « not invented here » : la sclérose d’une mentalité qui ne valorise que les solutions nouvelles inventées « sur place » et néglige les enseignements tiers.
Une équipe atteinte par ce syndrome est ainsi refermée sur elle-même. Elle innove sans cesse, mais en perdant temps, énergie et productivité à réinventer la roue.
C’est la compétitivité même de l’entreprise qui peut être impactée : il faut alors réapprendre l’intérêt de ne pas innover.
Savoir NE PAS innover !
Il est impératif de passer du temps de travail à s’intéresser aux autres, de retrouver une ouverture d’esprit et une curiosité sur les méthodes et sur les productions d’autres structures. Ce peut être bien sûr le fruit d’un processus d’intelligence économique, mais aussi une volonté de l’équipe elle-même.
C’est l’efficacité qui doit être le critère à retenir, pas l’innovation. Une solution non produite en interne doit être acceptée et valorisée du moment qu’elle est efficace. Elle n’est pas issue de l’équipe mais est le fruit d’une ouverture aux autres, voire du partage et de l’interactivité.
Aller de l’avant n’est pas nécessairement innover, mais aussi savoir intégrer des idées issues d’autres milieux, d’autres expériences, d’autres situations et les adapter : c’est un enrichissement considérable que d’être ouvert sur le monde et de détecter les travaux faits par d’autres.
Ré-inventer la roue ne doit être le but d’aucune équipe ou entreprise : à l’ère des échanges et du partage de l’information, l’ouverture aux autres est, plus que jamais, un gage d’efficacité économique et une force pour l’entreprise.
Dans ce cadre, un coaching d’équipe, par exemple, peut être utile pour façonner un « esprit d’équipe » qui ne soit pas autocentré, mais tourné vers les autres.
C’est un processus trop souvent éludé dans le coaching d’équipe : il ne s’agit pas seulement de renforcer le groupe et les interactions de ses membres. Il faut également travailler l’ouverture du groupe au monde extérieur afin de créer une structure réellement adaptée aux exigences d’aujourd’hui.
Speciman peut intervenir dans ce cadre, avec une action collective adaptée à chaque situation et à chaque entreprise. Rencontrons-nous pour en parler !
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