Le prix Goncourt vient de couronner un nouvel auteur, rappelant…
Ne cédez pas à la mode de l’excès d’empathie au travail !
L’empathie est une notion « tendance » dans la sphère professionnelle en ce moment. Les managers la déclinent de nombreuses façons, à l’image du groupe automobile Ford où les ingénieurs de sexe masculin ont été invités à porter l’ « empathy belly », un « faux ventre » de 30 kilos permettant de ressentir les effets de la grossesse.
Nul doute que leur regard en a été modifié sur leurs collègues enceintes. Rien n’a été conclu en revanche sur une évolution de la satisfaction client ni sur la performance des voitures…
L’empathie dans toutes les strates de l’entreprise
La capacité à se mettre à la place de l’autre est désormais au coeur de la conception produit, devient un impératif pour « bien manager » en anticipant les préoccupations des membres de l’équipe, et s’impose au community manager qui doit transmettre la bonne parole de l’entreprise en tenant compte de l’état d’esprit du client.
N’évoquons pas les Chief Happiness Officers, ces responsables du bonheur au travail qui se multiplient depuis quelques mois dans les entreprises « branchées ». Ils doivent faire preuve d’empathie à longueur de journée pour trouver de nouvelles pistes permettant d’inonder d’un peu plus de bonheur les employés concernés (voir mon article « Responsable du bonheur dans l’entreprise : une réalité… mais y a-t-il un besoin ?! »).
Les effets pervers de l’empathie
De fait, l’empathie est primordiale dans l’univers professionnel. Mais n’y aurait-il pas des effets pervers à un excès d’empathie ?*
L’empathie puise dans nos réserves d’énergie
Dans l’entreprise, faire preuve d’empathie pour ses collègues est intrinsèquement valorisant.
Mais se proposer de délester un collègue de certaines tâches alors que l’on est soi-même surbooké est une erreur : en s’ajoutant du travail supplémentaire, on peut rapidement tomber dans l’épuisement, générer du stress, et, qui plus est, être inefficace dans l’ensemble des tâches à traiter !
Il faut ainsi savoir dire « NON » et réagir ainsi à cette mode de l’empathie généralisée (voir mes articles « Et si vous appreniez à dire NON ?» et « Revendiquez votre statut d’anti-Superman/Woman au travail ! »)
Notre « capital d’empathie » n’est pas illimité
Distinct de l’énergie, nous disposons tous d’un « capital d’empathie ».
Une étude** a ainsi montré que des professionnels (de tous les secteurs) qui s’efforcent d’avoir un comportement empathique dans leur journée de travail sont moins capables d’empathie le soir au sein de leur famille : leur « réserve » d’empathie est épuisée.
De façon connexe, nous sommes tous naturellement portés à « piocher » davantage dans notre « capital empathie » pour des proches, des collègues,… que pour des personnes que nous ne connaissons pas.
Cela impacte directement le travail de chacun : à accorder prioritairement notre empathie à nos collègues directs, nous pouvons être amenés à négliger des contacts plus éloignés, qui seraient pourtant profitables à notre travail et/ou au développement de l’entreprise.
On le voit, l’empathie est un phénomène plus complexe qu’on ne l’imagine a priori.
Il s’agit donc de « savoir doser » la quantité d’empathie que l’on investit dans nos tâches quotidiennes. Cela implique de connaître ses limites propres, et donc de refuser de les franchir – ou de les franchir en toute connaissance et maîtriser son comportement.
Si votre balance comportementale penche un peu trop du côté de l’empathie, le coaching individuel est une solution efficace et adaptée pour la rééquilibrer. Rencontrons-nous !
*The Limits of Empathy, Adam Waytz – Harvard Business Review, 2016
**Too engaged? A conservation of resources view of the relationship between work engagement and work interference with family, J.R. Halbesleben, J. Harvey, M.C. Bolino – The Journal of applied psychology, 2009
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